Et après ? Adaptation et atténuation.

Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash

Cet article est le dernier de la série “Climat” de mon blog, une aventure d’écriture pour décortiquer ce sujet qui prend de plus en plus de place dans mon cheminement personnel et professionnel.

Dans les articles précédents, j’avais écrit sur les causes et conséquences des changements climatiques provoqués par les activités humaines. J'espère ne pas vous avoir déjà perdu·es dans des explications trop longues !

Face à ces constats, il existe deux stratégies parallèles dont je vais parler ici :

  • ATTÉNUATION : Atténuer notre impact sur ce système en diminuant nos émissions ;

  • ADAPTATION : S’adapter aux effets du changement climatique qui ont déjà lieu et qui s’intensifient.

Ces deux stratégies distinctes et indissociables font l’objet des groupes de travail 2 et 3 du GIEC.

L’atténuation du changement climatique

L’atténuation est la stratégie de lutte contre le changement climatique qui fait le plus parler d’elle, et tant mieux. Elle s’attaque à deux aspects complémentaires: 

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
— A. Lavoisier
  • Limiter les émissions de gaz à effet de serre (notamment le CO2) ;

  • Protéger les réservoirs de carbone, comme les forêts, les sols et les zones humides.

Parlons de ces deux parties complémentaires.

Mesurer nos émissions pour mieux les limiter

Comme le définit bonpote, l’empreinte carbone est un calcul des émissions de GES associées à la consommation au sens large (demande finale intérieure) d’un pays, quelle que soit l’origine géographique de la production des biens et services destinés à satisfaire cette consommation. Cette approche se distingue de l’inventaire national, qui mesure les émissions sur le territoire (appelée approche territoriale). En France, comme nous importons plus de produits que nous n’en exportons, notre empreinte carbone est supérieure à l’inventaire national. En 2017, avec 633 Mt CO2 éq, l’empreinte carbone de la France présente un niveau supérieur à celui de l’inventaire national.

Il est possible de calculer son empreinte carbone individuelle en quelques minutes via le calculateur Nos gestes climat proposé par l’ADEME. Nous émettons du carbone dans l’ensemble de nos activités quotidiennes (alimentation, transport, biens de consommation, usage des bâtiments).


Côté entreprises, la comptabilité carbone est aussi un sujet important et il existe une méthode qui prend un peu plus de temps que les quelques minutes nécessaires au calcul de l’empreinte carbone individuelle. JM Jancovici fait remarquer dans cette vidéo (avec l’entreprise de télécom Orange) qu’il faudrait que les entreprises accordent autant d’importance et de moyens à cette comptabilité qu’à celle des flux financiers. Ce dernier a d’ailleurs créé, avec l’ADEME, une méthode de comptabilité carbone pour les entreprises et collectivités, le Bilan Carbone®. Cette méthode “prend en compte la globalité des émissions de gaz à effet de serre, directes ou indirectes, pour tous les flux physiques d’une organisation sans lesquels le fonctionnement de celle-ci ne serait pas possible.”

Le périmètre d’un Bilan Carbone®. Par TbroTJ — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

 

Depuis mars 2022, je suis agréée à la réalisation de Bilan Carbone® et ai accompagné deux PME dans le secteur du service et de la métallurgie. Je suis disponible pour accompagner d’autres entreprises dans cette méthode très complète, n’hésitez-pas à me contacter pour plus d'informations.

Les réservoirs de carbone

Pour mieux comprendre la notion de puits de carbone, ou réservoirs de carbone, je me suis intéressée au cycle du carbone qui est comparable au cycle de l’eau, plus connu. Je vous recommande vivement cette vidéo du Réveilleur si vous voulez en savoir plus. Le carbone est un des éléments chimiques les plus courants dans l’univers et c’est aussi un élément qui compose le vivant. Le carbone est présent partout sur les continents et dans les océans. Il existe également des échanges permanents de carbone entre l’atmosphère, la biomasse et les océans (de la même manière qu’il y a des échanges d’eau d’un état à l’autre dans le cycle de l’eau).

Les ressources fossiles (charbon, gaz, pétrole, le fameux triptyque !) sont très riches en carbone. Ils résultent de la décomposition dans des conditions particulières d’organismes vivants morts et enfouis dans le sol, typiquement des restes d’animaux et de plantes ensevelis sous les sédiments et subissant des transformations physico-chimiques sur un temps très long souvent plus que le million d’années. Ces ressources fossiles constituent donc un stock de carbone qui n’augmente pas ou ne diminue pas naturellement à l’échelle des vies humaines. Quand on brûle des ressources fossiles, on transfère du carbone d’un stock stable et enfoui sur des temps géologiques de plusieurs millions d’années vers l’atmosphère, on ajoute donc du carbone dans le cycle de l’échelle humaine.

Source : Vidéo sur le Cycle du Carbone, Le Réveilleur

L’adaptation au changement climatique

Cette stratégie est bien moins connue que l’atténuation. Une enquête de 2022 de l’ADEME sur les représentations sociales du changement climatique montre une très grande méconnaissance sur le sujet. À la question : « En quoi consiste selon vous l’adaptation au changement climatique ?», 23 % des Français n’ont tout simplement pas de réponse ; 41 % disent savoir mais... citent des mesures d’atténuation ou des « changements de mode de vie » ; seulement 13 % des réponses contiennent généralement le mot "adaptation" comme un « écho » à la question et « sans que l’on soit toujours assuré de sa compréhension réelle » précise l’ADEME, avec une attitude d'acceptation, voire de résignation devant les conséquences du changement climatique.

L’adaptation consiste à anticiper et limiter les dégâts provoqués par le  changement climatique en réduisant sa vulnérabilité. L’adaptation s’applique aux usages et aux activités humaines, qui sont en capacité d’évoluer afin de limiter les risques liés aux impacts du changement climatique (ex : réduction de la consommation d’eau pour anticiper la pénurie d’eau). Les méthodes d’adaptation sont développées à toutes les échelles : au niveau national au sein de politiques publiques (ex : Plan national d’adaptation au changement climatique), au niveau régional (ex : Stratégie d’adaptation au changement climatique dans le Grand Ouest), au niveau local (ex : Mise en place d’éco-quartiers au sein d’une ville) ou au niveau individuel (ex : récupération et réutilisation des eaux de pluies pour nettoyer sa voiture ou arroser les plantes). 

J’ai récemment été formée par Juliette Nouel, journaliste et spécialiste de ces enjeux. Elle a créé les Ateliers de l’Adaptation, une méthode mise en place dans les entreprises et les collectivités territoriales, pour aider à prendre les bons choix pour diminuer le risque climatique. Comme l’explique Juliette Nouel, s’adapter n’est pas toujours bien s’adapter. Elle prend notamment deux exemples de mal-adaptation

  1. La climatisation :  en ville cette dernière contribue à augmenter la température extérieure, tout en émettant des gaz à effet de serre, notamment en raison des fuites de gaz fluorés et de la consommation d’énergie induite

  2. Les digues : Leur construction ne fait que retarder l’impact tout en augmentant fortement les émissions de gaz à effet de serre (via la fabrication très émissive du ciment).

L’ADEME a publié un recueil d’expériences en 2019 pour montrer la capacité d’adaptation d’entreprises de plusieurs secteurs, par exemple Vinci Autoroutes face au risque de déformation des routes (du au retrait-gonflement des argiles). Extrait de cette publication : “L’adaptation au changement climatique est un processus de long terme pour s’ajuster aux évolutions du climat. De multiples trajectoires d’adaptation sont possibles. Aussi, il est nécessaire d’être en capacité de parer à un maximum d’éventualités pour ne pas subir, voire même tirer profit lorsque cela est possible, des impacts du changement climatique.”

Conclusion

Les deux stratégies que sont adaptation et atténuation peuvent également présenter un aspect socio-économique, comme le souligne Jean-Baptiste Comby dans son essai La question climatique : “Tandis que le confinement de la question climatique aux enjeux de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre masque les inégalités face au problème et met tout le monde dans le même bateau, un cadrage qui prêterait davantage attention aux problématiques de l’adaptation pourrait révéler que les membres des classes sociales favorisées bénéficient d’un accès privilégié aux canots de sauvetage. Cela reviendrait à inscrire les souffrances provoquées par les dérèglements climatiques non plus dans les domaines peu polarisables de la nature ou de l’imprévoyance individuelle, mais dans celui de l’organisation collective.”

L’adaptation est donc une stratégie collective indispensable pour mieux se préparer aux changements en cours et à venir. La méthode des Ateliers de l’Adaptation permet de développer grâce à l’intelligence collective, sa propre stratégie en tant qu’entreprise ou collectivité.

N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez organiser un atelier dans votre structure.

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